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J.K. Rowling pointée du doigt pour appropriation culturelle

Ce qui devait être des révélations sympathiques sur l’histoire de la magie américaine tourne une nouvelle fois aux remarques négatives et aux accusations à l’encontre de l’autrice de Harry Potter.

Dans son premier texte, diffusé lundi sur Pottermore, J.K. Rowling s’était emparée du mythe des Skinwalkers, un mythe lié aux tribus Hopi, Utes et Navajo. Elle les décrivait comme une légende créée sur base d’un a priori négatif envers les animagi.

Comme elle l’a expliqué, “dans son univers”, les Skinwalkers n’existent pas réellement et sont dépeints comme “des sorcières ou sorciers maléfiques qui peuvent se transformer à volonté en animal”. L’objet du mythe est de faire peur et de nuire aux sorciers.

Le problème, c’est que ce mythe existe réellement et qu’il est complexe, comme le souligne Adrienne Keene, spécialiste de l’université de Brown et elle même Cherokee :

Vous devez comprendre que la croyance en ces choses, ces êtres, occupe une place importante au cœur de la culture Navajo et de sa cosmologie. Elle est connectée à tant d’autres concepts et cérémonies et façons de vivre. Ce n’est pas juste une histoire pour faire peur ou que les gamins se tiennent à carreau, c’est beaucoup plus profond.

L’autre écueil, comme le rappellent de nombreux blogueurs, c’est que ces cultures ne sont pas des mythes anciens et oubliés : les indiens d’Amérique sont toujours là et leurs traditions sont menacées. Sans oublier qu’il s’agit bien d’une variété de mouvements culturels et qu’il n’y a pas de “légende amérindienne” comme écrit sur Pottermore mais bien des légendes liées à des tribus.

Nous avons souligné involontairement cet amalgame lorsque nous avons pointé du doigt le fait que l’illustration du premier texte portait l’intitulé de Kitchi, un terme Algonquin traduit en général par Grand dans le sens spirituel (Kitchi Manitou = Grand Esprit). Cette illustration a été retirée du site Pottermore.

Ce qui est reproché à J.K. Rowling, c’est de participer au renforcement d’un cliché et à la marginalisation des peuples amérindiens. L’autrice réduirait les Navajos et d’autres peuples, ainsi que leurs traditions, à des êtres de magie mythiques et fantastiques alors qu’ils sont bien réels. Toujours selon Adrienne K. :

Les peuples indigènes sont en permanence considérés comme des créatures de fantasy. Songez à Peter Pan, où le pays imaginaire est peuplé de sirènes… et d’Amérindiens. Ou au fait qu’à Halloween les enfants se déguisent en monstres, zombies, princesses, personnages Disney… et en Amérindiens. Au-delà d’être présentés comme non réels, il y a ce récit omniprésent et problématique de l’indigène présenté comme mystique, magique et spirituel.

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Certains craignent même que les personnes issues de cette culture en viennent à être accusés de ne pas la connaître sous prétexte que “dans l’univers de HP, c’est pas comme ça” ou que des personnes étrangères à leur culture s’en servent pour les définir.

L’appropriation culturelle est une forme d’oppression et de racisme systémique de plus en plus débattue et discutée. Elle se produit lorsqu’une personne adopte des aspects d’une culture qui n’est pas la sienne, en particulier lorsque la culture adoptée est celle d’une minorité et se fait sans consentement mutuel. Elle est d’autant plus critiquée lorsque l’adoptant redéfinit la culture adoptée à sa manière ou la remet à sa sauce. Pour le lire plus sur l’appropriation culturelle en français, c’est par ICI.

Adrienne K. avait exprimé son inquiétude en juin dernier lorsque Rowling avait mentionné pour la première fois l’importance de la culture indigène dans la magie américaine. Dans le même temps, il a été souligné que Rowling simplifiait énormément l’histoire de l’Amérique lorsqu’elle a affirmé : “Il y a un respect mutuel et un esprit de famille entre tous les sorciers, qu’importe leur race”. Dans un pays ou l’esclavage et le racisme ont laissé des traces particulièrement visibles, certains y voient un manque de sensitivité.

L’autrice cherche à la fois à séparer son univers de l’histoire réelle et à l’y intégrer, ce qui crée des tensions, amalgames et contradictions. N’oublions cependant pas que le racisme et l’esclavage sont abordés dans la saga Harry Potter à travers d’autres moyens, tels que la pureté de sang ou les elfes de maison, et qu’elle aurait contribué à rendre toute une génération plus ouverte et tolérante.

Les accusations de racisme lancées à l’encontre de Rowling sont perçues comme démesurées, dans le sens ou l’autrice n’est a priori par raciste elle-même (ce sont des occurrence de racisme systémique, tellement engrainé qu’on peut être raciste involontairement), mais certains de ses personnages et de ses choix restent problématiques dans un contexte social plus large. Ils ont le mérite de lancer le débat.

Lire les commentaires des amérindiens qui se sont exprimés sur le sujet :

Merci Caroline P.

Sources: Irish Examiner & LA Times.

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