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Une interview exclusive de J.K. Rowling en 2005 refait surface

A l’occasion de l’anniversaire de la sortie du Prince de Sang-Mêlé, nous revenons sur des informations contenues dans une interview de J. K. Rowling en 2005, qui n’avait encore jamais été publiée.

Le 16 juillet marquait l’anniversaire de la sortie de Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé en version originale, il y a 13 ans. A cette occasion, nous revenons sur des informations contenues dans une interview de J. K. Rowling en 2005, qui n’avait encore jamais été publiée.

Le 13 Juillet 2005, J. K. Rowling accorde un entretien de deux heures à Lev Grossman, journaliste du Time Magazine, quelques jours avant la sortie de Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé. Seule une petite partie de l’interview est alors publiée. Dans une série de trois articlesThe Leaky Cauldron a récemment dévoilé les parties manquantes de l’entretien, analysées par la docteure Beatrice Groves, chercheuse à Oxford et auteure de Literary Allusion in Harry Potter (L’allusion littéraire dans Harry Potter, non traduit). La saga terminée et décortiquée en détails depuis des années, il est intéressant de se replonger dans les propos tenus par l’auteure à l’époque, qui nous en apprennent beaucoup sur sa manière de concevoir ses romans et de distiller des indices. En voici donc un résumé.

La baguette de sureau

« La source du pouvoir de Dumbledore est très rarement examinée. »

Avec ce qui semble être un simple commentaire au détour d’une phrase, J.K. Rowling donne pourtant un gros indice sur la baguette de sureau, et du même coup sur l’intrigue du septième tome. Après la publication des Reliques de la Mort, elle confiera même dans une interview : « Je dois l’admettre, je me suis toujours demandé pourquoi personne ne m’a jamais demandé de quoi était faite la baguette de Dumbledore ! Et je ne pouvais pas le dire, même quand on me demandait « quelle question aimeriez-vous qu’on vous pose… » parce que cela aurait signalé à quel point cette baguette allait devenir importante ! ». On se rend bien compte, à travers ces confidences, de son désir de guider les lecteurs sur la piste tout en n’en dévoilant pas trop.

Le miroir de Sirius

J.K.R. revient également sur ce que certains considèrent comme une incohérence : le fait que Harry, qui cherche désespérément à contacter Sirius dans l’Ordre du Phénix, ne pense pas à utiliser le miroir que ce dernier lui a donné dans ce but.

« … pourquoi n’utilise-t-il pas le miroir ? Oui, on m’a beaucoup posé cette question. Comme vous l’avez peut-être suspecté, le miroir n’a pas disparu. Le miroir est important. Le miroir va revenir. Beaucoup de gens ont été frustrés, et je voulais dire que, hum, les gens s’attendent à ce que tout soit parfaitement ficelé. Mais la vie n’est pas comme ça. Et j’ai le sentiment que Harry a fait cette décision forte, sur laquelle il ne devait pas revenir : « Je ne vais pas utiliser ce miroir, je ne vais jamais utiliser ce miroir, je ne vais pas attirer Sirius en dehors de sa cachette. Le miroir n’existe plus pour moi, j’oublie tout à propos de lui. ». Puis il panique quand il pense que Sirius se fait torturer et oui, il a oublié le miroir. J’avais besoin qu’il l’oublie, pour le bien de l’intrigue. Je voulais qu’il ait le miroir, mais je ne voulais pas qu’il l’utilise, alors mon excuse pour cela est qu’il ait fait cette résolution puis oublie, dans la panique. Je pense que cela se tient. Mais j’accepte que beaucoup de gens aient trouvé cela insatisfaisant, et qu’il y avait peut-être d’autres moyens d’arriver à ce résultat, même si je n’ai pas réussi à en trouver un – et pourtant j’ai essayé. »

L’auteure défend donc sa manière de traiter le problème, en expliquant qu’elle a conçu les choses depuis le point de vue de Harry. Mais elle en profite également pour annoncer que « Le miroir va revenir », un autre indice qui aurait pu permettre aux fans d’établir des théories quant à l’intrigue des Reliques de la Mort.

Le fond et la forme

Dans l’interview, l’auteure évoque le rapport entre l’évolution de son univers et sa manière d’écrire. Ayant déjà expliqué qu’il existait un lien entre la structure de la série et le développement de Harry, elle confie :

« Je pense que je me suis autorisée à étendre un peu mon vocabulaire, de la même manière que je m’étendais dans le sens où le monde magique se déployait. »

Elle fait référence au fait que Harry, dans l’Ordre du Phénix, explore plusieurs nouveaux endroits sorciers : la maison du square Grimmaurd, l’hôpital Sainte-Mangouste, le Ministère de la Magie… Elle signifie donc que le développement du monde magique va de paire avec un style et un vocabulaire plus riche dans la forme de son roman.

Le sexisme dans Harry Potter

J.K.R. en profite également pour répondre de manière indirecte à certaines critiques, notamment celles l’accusant de sexisme :

« Le monde de Harry est peuplé de plus en plus de femmes intéressantes au fur et à mesure qu’il grandit, et c’est délibéré, bien que certains ne l’aient pas vu de cette manière. Il était entouré principalement d’hommes quand il avait 11 ans, parce que les garçons cherchent la compagnie des garçons… Mais lorsqu’il grandit, il trouve cela plus simple de parler et de se sentir confortable avec les femmes de son entourage. Alors j’ai ajouté plus de femmes. »

Faisant ici écho à la déclaration précédente, on voit bien que J.K.R. relie l’expansion du monde magique et des personnages qui le peuplent à la croissance de Harry et sa maturité. Elle répond du même coup à certaines critiques, en expliquant encore une fois se placer du point de vue de son personnage, prenant ainsi en compte les préjugés que peut avoir un préadolescent sur ce sujet.

Le processus d’écriture

Dans l’entretien, J.K. Rowling déclare qu’elle a lu l’Ordre du Phénix en entier à voix haute à son mari et ses enfants, et explique :

« … en lisant à voix haute, je pense que vous remarquez des choses que vous ne remarqueriez pas juste en lisant, vous savez, de manière normale ; j’ai trouvé des problèmes avec mon langage, des choses qui m’ont irritée. Des tics qui m’ont irritée. »

Il est possible que l’auteure réponde également ici à des critiques, cette fois à propos de son style. Les acceptant peut-être en partie, elle explique qu’elle l’a amélioré dans les deux derniers tomes de la saga, précisant tout de même que cela n’est pas dû à une intervention extérieure mais bien à son expérience de relecture. À travers cette confidence, on voit également l’importance que la lecture à voix haute revêt pour elle, alors qu’elle confiait dans une autre interview : « Il n’y a rien de plus gratifiant que d’entendre des gens dire que des familles entières ont lu le livre ensemble… […] Les livres sont devenus un acte social. ».

L’influence des contes

Au cours de l’interview, J.K.R. évoque Vernon Dursley d’une manière quelque peu étrange : elle le décrit comme « un beau-père, ou peu importe ce qu’il est – père adoptif – horrible avec Harry ». Il est peu probable qu’elle ait momentanément oublié le lien unissant Harry et son oncle ; mais elle révèle sans doute ici la sous-structure de son récit, qui approche celle des contes de fées. Le personnage du beau-parent cruel est un archétype que l’on peut retrouver dans nombre d’entre eux (Blanche-Neige ou Cendrillon, pour n’en citer que deux). J.K.R. possède en effet un certain amour pour les contes, notamment ceux de Hans Christian Andersen.

Religion et folklore

« J’ai toujours été très intéressée par le folklore… et la manière avec laquelle le païen et le religieux s’entremêlent. La Grande-Bretagne a une tradition folklorique particulièrement riche, car nous avons été envahis par juste assez de gens pour avoir ce mélange bizarre entre croyances religieuses et païennes, assimilées ensemble, et notre tradition orale est criblée de ces créatures mythiques. »

Avec ces mots, on peut voir que l’auteure reconnaît et assume pleinement la symbolique chrétienne sous-jacente des créatures magiques qu’elle fait figurer dans son œuvre : la licorne et son sang régénérateur, Fumseck dont la chanson amène force et réconfort, le Patronus du cerf (figure christique de sacrifice) combattant les forces du mal, ou encore Buck qui permet à Sirius de retrouver sa liberté… J.K.R. a d’ailleurs confié avoir fait beaucoup de recherches dans des bestiaires médiévaux, très emprunts de cette symbolique, pour élaborer ses créatures.

La magie comme métaphore

J.K.R. confie ensuite que « La magie est… très utile métaphoriquement. » :

« Elle peut être une métaphore pour tant de choses. Elle peut être une métaphore pour la connaissance, l’imagination et toutes ces choses que l’on développe en nous, qui peuvent avoir des ratés, inspirer et occasionnellement produire des résultats spectaculaires. »

La magie lui permet ainsi d’exprimer de nombreuses choses – l’évocation de son lien avec connaissance et imagination ne manque pas de nous faire penser au plaisir de la lecture, une notion chère à l’auteure. Ce n’est pas par hasard que le Chaudron Baveur, portail vers entre le monde des moldus et le monde des sorciers, se situe à Charing Cross Road, une rue « célèbre pour ses librairies, à la fois anciennes et modernes… c’est pourquoi je voulais qu’elle soit l’endroit où ceux qui sont dans la confidence peuvent entrer dans un autre monde. », selon les mots de l’auteure.

Horcruxes et structure de la saga

Il existe une théorie selon laquelle la saga possède une structure en miroir : le tome 1 répondant au tome 7, le 2 au 6, le 3 au 5, et le 4e tome étant un « pivot ». J.K. Rowling souligne la connexion entre la Chambre des secrets et le Prince de sang-mêlé au cours de l’interview :

« Je dirais que de toute la série, la Chambre des secrets est probablement l’ouvrage le moins populaire, mais je suis tout de même fière de ce livre, car je sais qu’il contient des informations que le lecteur devait avoir… Le problème étant que personne d’autre ne sait encore que c’est important, donc personne n’apprécie ma dextérité. Tout le monde pense « Oh, c’était un peu terne ! » [rires] Mais je pense que dans six jours, quand ils auront lu le Prince de sang-mêlé, les gens qui ont été attentifs vont probablement réaliser que la Chambre des secrets contenait plus qu’il n’y semblait. »

L’auteure évoque évidemment les horcruxes, et en particulier le journal de Tom Jedusor, que l’on retrouve dans les 2e et 6e tomes. Les deux ouvrages ont également comme point commun d’explorer profondément les similarités entre Harry et Tom Jedusor : par leur situation personnelle (sang-mêlés, orphelins, parlant le Fourchelang, etc.), mais aussi par certaines situations (ouverture de la Chambre des secrets, questions sur les Horcruxes posées à Slughorn…). On ne peut s’empêcher de penser que J.K. Rowling laissait là un indice pour signifier qu’Harry lui-même est un horcruxe.

A travers la lecture de ces déclarations 13 ans plus tard, J.K. Rowling nous renseigne sur la conception de la saga, en parlant à la fois de ses inspirations et de son travail d’écriture, laissant donc transparaître son état d’esprit. Elle tente également de guider les lecteurs et de leur donner des indices, parfois de manière très subtile et parfois moins (« Le miroir va revenir »), à une époque où ses interventions étaient plus parcimonieuses qu’aujourd’hui.

Merci The Leaky Cauldron.

Mots-clésDixit J.K. Rowling
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